Coucou, moi c’est Mathieu, un français d’une cinquantaine d’années ayant rejoint la fonction publique d’État il y a plus de 25 ans pour gagner sa vie. Depuis une quinzaine d’années, je m’accomplis en contribuant à des projets open-source en mode « amateur ».
Ce qui me caractérise le plus, c’est mon aspiration à être l’un d’entre nous, à jouer collectif et à contribuer à l’amélioration de ce que nous partageons en commun. En complément de mon foyer, le plus important, vital et stable de mes collectifs, j’ai choisi au fil de mes années sur notre planète d’en rejoindre certains autres qui ont tous favorisé ma progression et auxquels j’ai toujours cherché à contribuer en retour. Voici ceux qui sont ou ont été les plus marquants pour moi jusqu’à aujourd’hui.
L’Association Saint-Pierre de Neuilly (ASPN Basket)
L’atteinte glorieuse de mon mètre 77 a certainement été favorisée par la pratique intensive du basket-ball !
Je débute dans l’équipe des minimes, très vite mon adresse au delà de la ligne des trois points et ma vision du jeu me valent d’être surclassé dans les catégories « cadet », « junior » voire parfois « sénior » lorsque les rencontres se jouent à domicile. À cette époque, je consacre la plupart de mon temps libre à la pratique de ce sport sur les terrains de jeu en plein air en plus des 16 heures hebdomadaires d’entraînement et de compétition dans le complexe sportif où l’ASPN a élu domicile.

C’est avec les cadets que je m’éclate le plus : d’abord en tant qu’ailier avant d’être repositionné comme meneur de jeu et désigné capitaine de l’équipe par l’entraîneur. Je joue pour gagner, pour contribuer aux victoires de l’équipe et célébrer avec les coéquipiers nos trophées. Je comprends, alors, que la persévérance, le dépassement de soi, la discipline, le respect, l’effort et la confiance dans l’équipe sont devenus les atouts sur lesquels m’appuyer pour atteindre nos objectifs.
Au cours de mon passage dans ce collectif, je fais la connaissance de ma coéquipière de cœur et notre rapprochement progressif se concrétisera quelques années plus tard en une union. Ensemble nous formons une tribu soudée et résistante au temps : notre foyer.
L’entreprise publique pour laquelle je travaille toujours à ce jour.
J’ai 23 ans lorsqu’une licence de management commercial en poche je rejoins l’une des nombreuses équipes de mon « club » professionnel. Mon premier poste me positionne en charnière entre la clientèle des services de cette entreprise publique et la production interne : je suis un vendeur.
Désireux de marquer mon adhésion pleine et entière aux valeurs du service public rendu par l’entreprise, j’obtiens le statut historique de ses agent·e·s, une année plus tard, en réussissant un des derniers concours de la fonction publique organisé par cette dernière. J’ai désormais un devoir d’exemplarité à honorer tant dans mes activités professionnelles que personnelles. Les obligations du statut de fonctionnaire sont en droite ligne avec les exigences qui contrôlent mon comportement : dignité, impartialité, intégrité et probité pour les principales.
2 ans plus tard, ma tribu (mon foyer) se complète en mars 2000 d’un nouveau membre : l’homme le plus important de notre vie (à ma coéquipière et moi).
Satisfaire durablement les attentes des clients
Mon action au quotidien est complètement guidée par l’intérêt général et œuvrer pour partie aux missions de service public confiées à cette entreprise est une perspective fortement motivante pour moi. D’ailleurs, même si 10 années durant j’ai dû résoudre des conflits intérieurs liés à une rémunération variable fonction de ma performance commerciale, je préfère être moins commissionné que privilégier mon intérêt personnel par rapport à celui du public et préserver la confiance que les client·e·s placent dans mon employeur. La fidélité et le renouvellement sont supérieurs, sur la durée, aux coups d’éclat uniques.
En tant que commercial j’ai appris à écouter, à observer, à me mettre à la place de mes client·e·s pour mieux comprendre leurs attentes, j’ai constaté l’importance de sourire, de dire bonjour, au revoir et merci, j’ai développé ma capacité à argumenter, à reformuler, à interpréter le non-verbal et le verbal signalant que nous pouvons conclure.
Les périodes d’interruption d’activité liées aux mouvements sociaux internes à « la boîte » m’ont également préparer à faire face aux situations défavorables et à tempérer l’insatisfaction de mes interlocuteur·rice·s. Pendant ces périodes, j’ai aussi découvert, par la pratique, tous les métiers d’exécution de mon entreprise, car assurer un service dégradé entraîne généralement notre réquisition, nous les rouages de la chaîne commerciale. C’est très formateur de mettre les mains dans le cambouis pour opérer concrètement ce qu’habituellement nous vendons.
J’ai pratiqué tous les types de vente : démarchage téléphonique, ratissage commercial, vente généraliste, vente accompagnée, ou encore négociation avec des grands comptes, avant d‘aspirer à prendre de la hauteur par rapport au « terrain » et contribuer à la professionnalisation de celles·ceux qui y débutent ou continuent de s’y épanouir.
Créer et déployer des outils grâce au Web 2.0
Écrire cela aujourd’hui peut paraître très banal, toutefois une vingtaine d’années en arrière, mutualiser un outil dans une unité départementale de l’entreprise empruntait rarement les réseaux numériques : c’était l’ère des fichiers MS Excel gonflés aux macros et diffusés via disquettes !
Et pour cause : l’Internet à haut débit commence seulement à se généraliser. C’est l‘âge d’or des blogues, des flux RSS, des commentaires et des contenus générés par les utilisateur·rice·s. Moi, j’y vois un moyen de créer des applications pour simplifier mon quotidien et partager mes trucs avec mes collègues. Équipé d’un PC rudimentaire (64 MO de RAM et 4 GO de disque dur, si, si!) je pars à la conquête de PHP (d’abord 4 puis 5) et de MySQL grâce à un émulateur de serveur Apache et de l’éditeur de texte Notepad. Même si j’ai une certaine aisance à comprendre la logique du code et les instructions des langages de programmation, mon fort investissement personnel (la plupart du temps nocturne) dans le développement Web m’a fait prendre conscience que la meilleur manière d’apprendre est : de faire, de se tromper et de se corriger.

Je publie ma première application Web basée sur PHP & MySQL sur Internet pour répondre à mon besoin d’estimation de chiffre d’affaires prévisionnel lorsque j’occupe le poste de vendeur expert des services numériques de mon entreprise. Son principe était basé sur une approche gagnante pour tou·te·s les utilisateur·rice·s :
- les commerciaux·ales bénéficiaient de la génération personnalisée de devis et de propositions commerciales ;
- la rétention des informations de volumétrie dans ma base de données me permettait de piloter les affaires en cours du secteur dont j’étais responsable.
Après un passage éclair en tant que maître du Web (traduction littérale de « Webmaster ») du site Intranet d’information des commerciaux·ales, et, à la faveur de la rencontre du directeur de la qualité de Paris, j’embarque pour un nouveau défi : concevoir les outils de l’assurance qualité du département.
Je déborde assez vite de ce cadre pour étendre mon rayon d’action à la région Ile de France et également proposer des applications de gestion RH, de suivi de la performance de l’outil de production, et d’alerte de la clientèle en cas de mouvement social, le tout grâce à ma recette magique et en même temps enfantine : une base de données hébergée sur le Web interne, des scripts PHP et JavaScript pour recueillir les saisies des collaborateur·rice·s avant de pouvoir les consolider, les manipuler et leur donner du sens.
Mai 2006, les puces Intel viennent tout juste d’intégrer les machines Mac avec l’arrivée des premiers MacBooks. Un mois plus tard, je fais évoluer ma monture ! Je chevauche alors un tigre (le MacBook blanc d’entrée de gamme est alors équipé d’OSX Tiger) et migre définitivement dans l’univers de la marque à la pomme : nettement plus stable et intuitif à mon goût que celui de MS Windows. Même si mon tigre rugit toujours à ce jour, j’ai évidemment mis à niveau mon équipement au fil des années pour désormais explorer les sommets grâce à un MacBook pro escaladant un Séquoia.
La satisfaction de la clientèle et le respect des engagements de mon entreprise deviennent à l’époque une préoccupation prioritaire de son top management : leur premier projet concret dans ce domaine prévoit la création d’un centre d’appels dans le département où j’officie. Après avoir participé à l’une de leurs réunions de projet, ma remise en cause de l’approche de fiabilisation des saisies des opérateur·rice·s dans le SI de ce centre (déjà à l’époque, je suis un convaincu des bienfaits des contrôles et du fameux « GIGO » – « Garbage In, Garbage Out ») et des délais prévisionnels de développement proposés par le cabinet de consultant·e·s me vaut d’être désigné responsable de la recette de ce SI. D’un coup d’un seul, mon action peut influencer une des activités de mon entreprise au niveau national. Le premier centre d’appels de « la boîte » sort de terre quelques semaines plus tard avec un petit peu de moi dans ses fondations.
Favoriser et promouvoir l’innovation participative
Mon accession à la « division nationale » de l’organisation de mon entreprise intervient lorsque l’opportunité m’est donnée d’industrialiser et généraliser, en partenariat avec la direction du système d’information, mon prototype d’outil préparant les usines de l’entreprise à entrer dans une démarche d’assurance qualité (certification ISO 9001). Je découvre alors la rigueur de l’approche des spécialistes du SI, la configuration de machines virtuelles, l’installation sécurisée de serveurs Web et l’interfaçage d’une application avec l’annuaire des utilisateur·rice·s et des référentiels de l’organisation. Toutes les tâches de formalisation rébarbative que j’accomplis à l’époque se révéleront doublement utiles vu qu’elles me permettront d’obtenir la certification ISO 27001 de cet outil.
En parallèle de ces travaux, un deuxième défi se présente à moi : construire une « boîte à idées 2.0 » et manager l’innovation participative en collaboration avec toutes les directions expertes nationales. S’ajoute à l’ampleur de la tâche une contrainte forte de délais : j’ai 15 jours pour présenter un prototype fonctionnel et être au rendez-vous des annonces prévues à ce sujet par le directeur qualité de l’entreprise en comité de direction. 15 jours, c’est trop court pour réinventer la roue lorsque la seule ressource disponible est soi-même. Je comprends immédiatement qu’il faut que je bâtisse sur des fondations solides et reconnues comme telles. Il n’est pas question, toutefois, que je fasse des concessions sur mes convictions par rapport à la manière dont doit être échafaudée ma solution pour obtenir l’adhésion et l’engagement des collaborateur·rice·s innovant·e·s.
J’écarte la facilité d’entrée : l’achat d’un service sur étagère auprès d’un éditeur SaaS. La boîte à idées doit avoir une âme, être originale et le résultat de l’effort de collaborateur·rice·s de l’entreprise pour véritablement être à l’image des innovations qui y seront partagées. Je disqualifie également le CMS utilisé par la direction de la communication qui ne prévoit pas que les idées soient publiées et disponibles en lecture pour tou·te·s instantanément. Je veux qu’un·e innovateur·rice constate que son idée est immédiatement visible pour qu’il·elle puisse se dire que ses collègues peuvent directement en prendre connaissance, l’évaluer, la commenter, la promouvoir, la faire émerger du lot grâce à leurs réactions et pourquoi pas l’appliquer à leur tour. J’estime, en effet, qu’on ne donne pas la parole aux collaborateur·rice·s en ayant tellement peur de ce qu’il·elle·s ont à dire qu’on mette en place une étape de modération a priori : nous faisons tou·te·s partie de la même « boîte » et avons tou·te·s intérêt à contribuer à l’amélioration de ses pratiques et de ses outils. Bien entendu, une minorité peut ne pas jouer le jeu, mais la modération des contenus doit uniquement intervenir dans ce cas et je serai assisté des lecteur·rice·s des innovations qui me le signaleront.
Selon moi, cette application est en elle-même une innovation par rapport au paysage de l’Intranet qui se caractérise en 2010 par une communication uniquement descendante.
J’ai finalement choisi le logiciel open-source dont la popularité émerge sur Internet : WordPress. Il utilise PHP et MySQL : un socle technologique que je maîtrise, il est extensible et une de ses extensions intègre des fonctionnalités communautaires (BuddyPress). Je retrousse mes manches et, à partir d’une combinaison d’extensions et de l’injection aux bons endroits de mon code maison, je relève le challenge avec 2 jours d’avance.
Le prototype, avec l’aide, une nouvelle fois de la direction du système d’information, se transforme en réseau social d’entreprise (un des tous premiers) robuste et relié aux référentiels d’organisation. La mayonnaise prend : les collaborateur·rice·s s’en donnent à cœur joie et le nombre d’idées ou bonnes pratiques partagées connait une croissance telle, que les problèmes de duplication de contenu commencent à apparaître !
Protéger l’entreprise des risques auxquels elle est exposée.
2012 n’est pas, contrairement à la prédiction des mayas, la fin du monde mais l’année au cours de laquelle je saisis la perche qui m’est tendue pour élargir encore mon rayon d’action en rejoignant le plus haut niveau d’organisation de mon entreprise, celui qui agit de manière régalienne sur toutes ses activités et en particulier celle dans laquelle j’ai débuté et évoluais jusqu’à présent. Je poursuis ma quête de l’amélioration continue en obliquant de la qualité/innovation vers le contrôle interne et la maîtrise des risques. En tant qu’expert, j‘accompagne et forme les membres de la filière des risques sur les sujets relatifs à l’environnement de contrôle et aux activités de contrôle.
Lorsque mes collègues des risques galèrent avec MS Excel pour bricoler un outil de cartographie des risques opérationnels, c’est plus fort que moi, je prends l’initiative de transformer un site Intranet équipé de WordPress en un outil de rédaction de fiches de risque pour les directions d’activité utilisatrices couplé à un utilitaire de consolidation des données pour les collègues. De 2019 à 2024, cet outil a été utilisé pour assurer le reporting des risques de mon entreprise avant d’être remplacé par une solution SaaS beaucoup plus élaborée, certes, mais aussi beaucoup plus onéreuse !
En 2020, je deviens et suis toujours le responsable de l’équipe des experts du contrôle interne. Après 13 années dans l’environnement des risques, j’éprouve de plus en plus le besoin de changer d’air pour relever d’autres challenges et espère en avoir l’opportunité rapidement.
La communauté du projet open-source WordPress
Je rejoins cette vibrante communauté en Juillet 2010, et quasiment dans la foulée celle de BuddyPress. Je perçois ces deux collectifs comme le prolongement dans le monde du logiciel du service public pour lequel j’exerce tous les jours. La liberté d’expression, l’inclusion, l’ouverture, la bienveillance, l’entraide et la valorisation des contributions sont leurs valeurs essentielles : elles résonnent tout particulièrement pour moi.

J’évalue l’apogée de mon parcours dans ces collectifs au 9 mars 2018. Cette journée du 10e anniversaire de la rencontre annuelle de la communauté parisienne du logiciel concrétise mon « leadership » en tant que responsable de son organisation ainsi que l’engagement et les efforts remarquables de tou·te·s les membres de mon équipe. Riche en émotions, mon ami Boone, qui m’a permis d’intégrer l’équipe de développement de BuddyPress en 2014, avait même fait le voyage des USA vers la capitale pour l’occasion et être à mes côtés pour cette consécration.
En raison du comportement du co-fondateur de ce projet open-source et de ses actes contraires à mon éthique personnelle, j’interromps mon parcours le 5 novembre 2024 après avoir occupé la position de « Lead Developer » de l’équipe de développement de BuddyPress pendant 4 ans.
Finalement, je me définis aujourd’hui comme un créateur d’applications Web libres et open-source jouant en ligue amateur.